Formations, métiers et trajectoires professionnelles dans la mobilisation du CPF

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Le Compte Personnel de Formation (CPF) a connu une hausse significative d’utilisation depuis la loi du 5 septembre 2018, qui permet aux titulaires de choisir directement leurs formations certifiantes ou non certifiantes. Le nombre d’entrées en formation via le CPF est passé de 383 000 en 2018 à 1,8 million en 2023​​. Cette augmentation s’explique par l’élargissement des formations éligibles et la désintermédiation de l’accès à la formation.

Motivations et Usages du CPF

Les utilisateurs du CPF cherchent principalement à atteindre une mobilité professionnelle, que ce soit par la reconversion, la promotion ou l’évolution de carrière. Les formations choisies visent souvent des métiers très différents de leur emploi actuel ou sont de nature générique sans cible métier précise. La reconversion professionnelle et la création d’entreprise sont des démarches courantes parmi ceux visant des certifications du Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP) ou du Répertoire Spécifique (RS)​​.

Les certifications obligatoires du RS sont particulièrement prisées dans des secteurs comme l’industrie, le BTP et l’agriculture, tandis que les bilans de compétences sont courants chez les infirmiers et les employés des banques et des assurances​​.

Formation et Mobilité Professionnelle

Huit à neuf mois après la fin de la formation, environ 40 % des bénéficiaires ont connu des changements professionnels tels que le changement de métier ou d’employeur. Ce chiffre est plus élevé pour les personnes initialement sans emploi et plus bas pour celles en emploi​​. De manière générale, 64 % des personnes en emploi à l’inscription n’ont pas connu de changement de situation professionnelle après la formation​​.

Formations et Métiers Ciblés

Les formations linguistiques, le permis B et certaines certifications RS non obligatoires sont fréquemment mobilisés sans objectif professionnel spécifique. Les cadres, médecins et ingénieurs sont les principaux utilisateurs des formations linguistiques, tandis que le permis B est souvent requis dans l’hôtellerie-restauration et les ouvriers non qualifiés du BTP​​.

Par ailleurs, environ 14 % des utilisateurs du CPF choisissent une formation dans la continuité de leur dernier emploi pour viser une promotion ou un autre poste au sein de la même entreprise​​.

Nouveaux Métiers après la Formation

Les reconversions professionnelles sont courantes, surtout pour ceux qui étaient sans emploi à l’inscription. Pour les personnes en emploi, les changements de métier restent rares (7 %) et sont souvent associés à des mobilités externes ou à l’entrepreneuriat​​. Environ 31 % des personnes ayant changé de métier après une formation certifiante occupent un emploi lié à celui-ci, proportion qui monte à 45 % en incluant les métiers proches​​.

Conclusion

L’usage du CPF montre une forte dynamique de mobilité professionnelle, bien que les formations suivies ne conduisent pas toujours directement aux métiers cibles. Près de 70 % des bénéficiaires en emploi déclarent que la formation leur a permis de travailler plus efficacement ou différemment. Les résultats démontrent l’importance de la flexibilité et de l’adaptation des formations aux besoins individuels pour maximiser l’impact sur les trajectoires professionnelles.

Sources : Note d’études N°10 – 2024 de France Compétences – juin 2024

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Introduction d’un Reste à Charge dans le CPF: Une mesure impactante.

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À partir du 2 mai 2024, le paysage de la formation professionnelle en France va subir une modification notable avec l’introduction d’un reste à charge de 100€ pour chaque formation mobilisée via le Compte Personnel de Formation (CPF). Ce changement, formalisé par un décret publié le 30 avril 2024, vise à modérer les dépenses de l’État liées au financement du CPF.

Évolution de la Politique du CPF

Le CPF, initialement conçu pour favoriser l’accès à la formation professionnelle sans coût direct pour les individus, a vu son budget exploser surtout dans les premières années de sa mise en œuvre (2020-2021). En réponse, le gouvernement a mis en place diverses mesures pour réduire ce déficit avant d’aboutir à la décision d’implémenter un reste à charge pour les utilisateurs. Ce changement est censé inciter à une sélection plus judicieuse des formations, augmentant ainsi la valeur perçue et l’engagement des bénéficiaires.

Réactions et Débats Législatifs

La route vers cette réforme a été pavée de débats intenses au sein de l’Assemblée Nationale et parmi le public. Des exemptions ont été prévues pour les demandeurs d’emploi et les formations financées par les employeurs, afin de ne pas pénaliser les plus vulnérables. Cependant, la proposition a suscité une opposition notable, reflétée par des sondages montrant qu’une majorité de Français était contre l’instauration systématique d’un reste à charge.

Implications du Décret

Le décret prévoit une revalorisation annuelle du montant du reste à charge, alignée sur l’indice des prix à la consommation, pour s’adapter aux conditions économiques. La mesure soulève des préoccupations quant à l’équité et l’accessibilité, particulièrement pour les individus à revenus modestes qui pourraient se voir dissuadés de poursuivre des formations.

Ce changement marque un tournant dans la gestion des fonds alloués au CPF, soulignant un effort pour équilibrer la nécessité de formation continue avec la viabilité financière du système. Toutefois, il reste à voir comment ce décret affectera l’avenir de la formation professionnelle en France.

Sources: Journal Officiel du 30 avril 2024
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Accès à la formation : pourquoi souhaiter se former ne suffit pas

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L’étude réalisée par Camille Stéphanus au Céreq explore l’accès à la formation professionnelle dans les entreprises françaises, révélant que si la majorité des salariés aspirent à se former, la concrétisation de ces aspirations dépend fortement du contexte organisationnel de leur entreprise.

La recherche de Camille Stéphanus au Céreq, portant sur la formation professionnelle en entreprise, explore les dynamiques d’accès à la formation professionnelle dans le cadre de l’enquête Defis. Ce travail de recherche s’inscrit dans la continuité de la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel, qui vise à sécuriser les parcours professionnels par le développement des compétences.

L’étude souligne l’importance de l’initiative individuelle dans le développement professionnel et s’interroge sur les conditions qui permettent ou entravent la concrétisation des aspirations à la formation. Elle révèle que les aspirations à se former sont présentes à tous les niveaux de qualification, mais que la capacité de transformer ces aspirations en démarches concrètes varie significativement selon les catégories socioprofessionnelles.

L’enquête Defis montre que bien que 71% des salariés envisageaient de se former entre 2014 et 2019, seuls 62% de ceux exprimant ce souhait ont effectivement suivi une formation. Ce chiffre tombe à 50% pour ceux qui n’ont pas exprimé de souhait de formation. Ces résultats illustrent un décalage notable entre l’aspiration à la formation et l’accès effectif à celle-ci, surtout chez les salariés peu qualifiés.

L’étude identifie plusieurs facteurs influençant la formation des aspirations à se former. Le contexte organisationnel de l’entreprise, notamment la stabilité de l’emploi et le caractère formateur de l’entreprise, joue un rôle crucial. Les salariés en CDI ou dans des entreprises investissant activement dans la formation ont significativement plus de chances de développer des aspirations à se former. En particulier, les entreprises qui consacrent entre 1 et 3% de leur masse salariale à la formation augmentent les chances de leurs employés de vouloir se former.

Le rôle des processus d’information et de délibération dans l’entreprise est également central. Les salariés qui ont participé à un entretien professionnel sont beaucoup plus susceptibles de suivre une formation que ceux qui n’ont pas eu cet entretien. De même, être informé des possibilités de formation par la direction ou le service des ressources humaines augmente la probabilité d’accès à la formation.

L’analyse économétrique de l’étude révèle que l’aspiration à se former et l’accès à la formation sont des variables endogènes, nécessitant une modélisation à deux équations simultanées pour évaluer correctement leur relation. Cela démontre que des caractéristiques observables et non observables influencent à la fois le souhait et la possibilité de se former.

En dépit de l’impact positif des aspirations sur l’accès à la formation, l’étude révèle que les inégalités persistantes d’accès à la formation entre les salariés qualifiés et non qualifiés demeurent préoccupantes. Les salariés peu qualifiés, même lorsqu’ils expriment un souhait de formation, ont toujours moins de chances d’accéder à des formations que leurs collègues plus qualifiés.

L’étude conclut sur la nécessité pour les entreprises d’investir davantage dans la formation et de fournir des espaces de délibération et d’information pour aider tous les salariés à concrétiser leurs projets de formation. Elle met en lumière l’importance de contextes organisationnels favorables et d’un accompagnement approprié pour transformer les aspirations en réalités concrètes, et appelle à une responsabilisation accrue des entreprises dans la réduction des inégalités d’accès à la formation.


Sources: Céreq Bref, 451|2024 Bulletin de recherches emploi formation https://www.cereq.fr/acces-formation-professionnelle-souhait

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Centre Inffo présente la 5e édition de son Baromètre de la formation et de l’emploi

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Réalisé début février 2024 auprès de plus de 1618 actifs français (âgés de 18 ans et plus), en partenariat avec l’institut d’études CSA, le 5e baromètre de la formation et de l’emploi de Centre Inffo a pour objectif de connaître leur opinion à l’égard de l’orientation et de la formation professionnelle en France, mais aussi leur perception relative à l’accompagnement, au CPF et aux perspectives de reconversion professionnelle.

« les Français se sentent globalement maîtres de leur formation professionnelle »

Pascale Romenteau, Directrice Générale de Centre Inffo.

Sentiment Général et Confiance Professionnelle

  • 67 % des actifs se disent confiants quant à leur avenir professionnel, une stabilité par rapport aux années précédentes.
  • Un nombre significatif de 42 % des répondants croit que leur métier évolue très rapidement, cependant, une majorité, 69 %, anticipent de rester dans la même profession dans les cinq prochaines années, soit à l’identique soit différemment.

Formation et Développement Professionnel

  • 90 % des sondés considèrent la formation professionnelle comme essentielle pour s’adapter aux changements du marché du travail, avec une perception notablement positive de ses bénéfices.
  • Cependant, 63 % trouvent que s’engager dans une formation représente un défi en raison des emplois du temps chargés.
  • Malgré ces défis, la moitié des travailleurs actifs sont désireux de poursuivre une formation dans l’année, les 25-34 ans montrant l’intérêt le plus défini dans des domaines spécifiques tels que l’informatique, l’anglais, la comptabilité, la gestion et un intérêt émergent pour l’intelligence artificielle.

Reconversion et Mobilité Professionnelle

  • 21 % des travailleurs sont actuellement en train de préparer un changement de carrière, un chiffre qui est resté stable depuis 2021. De plus, 49 % préparent ou envisagent une reconversion dans un avenir proche.
  • Parmi ceux qui envisagent une reconversion, 60 % reçoivent des conseils, et un pourcentage égal a poursuivi ou poursuit une formation spécifique pour leur nouveau chemin professionnel.
93% des actifs ont déjà entendu parler du CPF

Information et Sensibilisation à la Formation Professionnelle

  • 52 % des actifs se sentent bien informés sur les opportunités de formation professionnelle, une légère augmentation par rapport aux années précédentes.
  • Le CPF (Compte Personnel de Formation) est bien connu, avec un taux de notoriété de 93 % parmi les actifs. Cependant, seulement 45 % sont conscients du montant spécifique des droits de formation dont ils disposent.
  • L’intérêt pour la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) est en hausse, avec plus de 60 % manifestant de l’intérêt, particulièrement parmi les travailleurs plus jeunes et les employés.

Handicap et Monde du Travail

  • 18 % des actifs s’identifient comme étant affectés par un handicap, avec 86 % croyant que l’emploi permet une meilleure intégration pour les personnes en situation de handicap. Cependant, 36 % des employés voient l’embauche d’individus en situation de handicap comme un défi.

Sources: https://www.centre-inffo.fr/site-centre-inffo/actualites-centre-inffo/5e-edition-du-barometre-de-la-formation-et-de-lemploi-2024-centre-inffo-csa

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Nomination d’un Haut-Commissaire à l’enseignement et à la formation professionnelle: décryptage.

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Dans un paysage de la formation professionnelle en constante évolution en France, la suppression du ministère délégué chargé de l’Enseignement et de la Formation professionnels, lors de l’annonce du gouvernement Attal, a provoqué une vive réaction parmi les acteurs du secteur. Cette décision a été interprétée comme un recul potentiel pour les ambitions nationales en matière d’emploi et de formation professionnelle. Christopher Sullivan, Président des Acteurs de la Compétence, a exprimé son inquiétude en déclarant : « Ce signal rentre en contradiction avec les priorités fixées par le Président de la République, notamment l’objectif de plein emploi ».

La nomination de Geoffroy de Vitry au poste de haut-commissaire à l’enseignement et à la formation professionnels, officialisée par un décret du 13 mars 2024, apparaît comme une réponse à cette préoccupation. Ce rôle, qui le place sous la double autorité des ministères du Travail et de l’Éducation nationale, est vu comme une mesure constructive face à la disparition du ministère délégué. Cette initiative représente une réaffirmation de l’engagement de l’État envers la formation professionnelle en France. Geoffroy de Vitry, ayant précédemment occupé le poste de directeur de cabinet d’Olivier Dussopt, ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion dans le gouvernement d’Élisabeth Borne, connaît bien les enjeux du secteur.

Le Compte Personnel de Formation (CPF), dispositif central pour le financement de la formation des salariés et des demandeurs d’emploi, se trouve au cœur des débats actuels. L’introduction d’un reste à charge pour les bénéficiaires, envisagée sous la forme d’un forfait de 100 euros pour chaque formation acquise via le CPF, suscite des tensions. Catherine Vautrin, ministre du Travail, a souligné l’importance d’engager une concertation approfondie avec les partenaires sociaux sur cette question épineuse. Alain Ruello, journaliste pour Les Echos, éclaire cette problématique en soulignant que le « Premier dossier chaud » pour le nouveau haut-commissaire concerne « l’instauration d’un reste à charge sur le compte personnel de formation (CPF) ». Cette mesure illustre le défi de financer durablement la formation professionnelle dans un contexte budgétaire contraint, tout en assurant un accès juste et équitable pour tous.

Les missions qui attendent Geoffroy de Vitry sont donc cruciales pour l’avenir de la formation professionnelle. Sa capacité à élaborer une stratégie efficace et inclusive, en collaboration étroite avec les ministères concernés, les acteurs de la formation et les partenaires sociaux, jouera un rôle déterminant dans le succès des politiques de formation à venir. L’objectif est de mettre en place une approche de la formation professionnelle ambitieuse, adaptée aux exigences du marché du travail français, tout en étant accessible à tous les citoyens en quête de compétences et d’opportunités professionnelles.

Dans ce contexte de réformes et d’ajustements, le secteur de la formation professionnelle en France se trouve à un carrefour, porteur de promesses de renouvellement nécessaires pour répondre aux défis contemporains de l’emploi et de la compétitivité.

sources: https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000049273935

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